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Cléo ou de jolis débuts (les filles, ça pleure sous vent)

C'est par hasard que j'ai découvert La PoésieDeCléo, sur son compte Twitter @nothingbut66. L'artiste est également active sur Instagram. Il est de notoriété que l'Internet, et en particulier les réseaux sociaux, sont un vivier intarissable d'expressions artistiques. Le compte de Cléo (impossible de nommer autrement cet artiste bien mystérieuse qui a pris pour pseudonyme le nom d'une des neuf Muses) offre le meilleur d'un genre dénigré par le milieu éditorial traditionnel : la poésie. 

Au fil des jours, voire des heures, et ce depuis 2011, l'auteure publie textes courts ("J'ai mis du rouge à lèvres Du noir à mes genoux Et puis des bottes Pour sauter dans les flaques"), haïkus, calligrammes ou aphorismes ("Je Tu Elle Les conjugaisons sont mortelles").

Cléo se présente ainsi : "Je suis la fille des deux bouts J'ai de jolis débuts Et des fins élégantes Et puis entre les deux, rien... Que de l'ennui".

Elle parle d'elle, avec sensibilité et non sans humour ("les filles ça pleure sous vent"). Elle partage ces petits riens dont il est question dans ses poèmes épurés ("Savez-vous qu'il ne se passe rien ? Il me semblait urgent de le dire !"), du quotidien banal, des contraintes. Prenez ce texte a priori anodin : "Ça ne se voit peut-être pas je suis hyper motivée pour bosser aujourd'hui! / Allez je m'y mets... / Zut... Y a plus personne / Y sont partis manger". Twitter regorge de ces brèves publications, simples annotations partagées jusqu'à la nausée. Or, ici, Cleo manie avec autodérision cet "exercice de style" en détournant ces statuts omniprésents sur les réseaux sociaux.

Genre très en vogue, le haïku est aussi très présent sur le compte Twitter de Cléo :

"J'avais ton ombre
"Entre mon pouce et mon index
"Je l'éclatais comme une noisette." 

Illustrées par des photographies de l'auteur (sauf avis contraire), l'auteure met en musique un thème classique en littérature : l'amour. Ses phrases sèches sont des petites perles et le site de micro-blogging regorge de petites trouvailles, proches de la perfection :

"J'ai fermé la couture
"De ta bouche À l'agrafe
"De ma robe en velours.
"

Elle y parle d'attachements et de détachements ("Qui se souviendra de nous quand nous ne serons plus là Qui se souviendra que nous avons été heureux"), de sensualité et de sexualité, tel ce texte : "Je me tenais debout / Accrochée à ton cou / Le ciel me fouettait / Les cuisses / Le remous était fort / (Le plaisir debout)."

Il est aussi question d'attente, de désirs, de frustrations ("J'en ai marre qu'on se croise. Je voudrais qu'on se rentre dedans !") aussi de déceptions ("Que diras-tu Quand je te répondrai Que ta main me dérange Parce que ce soir J'écoute le noir").

Cléo prouve que la poésie a encore toute sa place et qu'elle peut offrir le meilleur, lorsqu'elle est revendiquée avec pugnacité et sans esbroufe par des auteurs qui prennent aux tripes. 

LaPoésieDeCléo sur Twitter: Nothingbut66
LaPoésieDeCléo sur Instagram : Lapoesiedecleo
http://iconosquare.com/lapoesiedecleo

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